C’est l’histoire de Enzo, un élève qui n’était pas scolaire pour deux sous. Ni à l’école primaire, ni au collège. Il était travailleur pourtant, mais ses efforts étaient bien rarement récompensés.

Un peu timide et réservé, il semblait que l’avenir lui réservait peu de chances de s’épanouir. Sortant avec des résultats très moyens de classe de 3ème, son conseiller d’orientation avait proposé de le diriger vers les métiers de la restauration.

C’est à ce moment-là que j’ai eu la chance de l’avoir comme élève de piano et solfège. J’ai vite compris que ce grand adolescent silencieux et discret avait quelque chose à dire et il a été très clair. Il m’a dit tout de go : « inutile de m’inscrire en restauration, je ne suivrai pas les cours. Je veux entrer dans les métiers de la musique et ce n’est pas la peine de me parler d’autre chose ».

Au moins, c’était clair ! Enzo a recherché l’école qui voudrait bien de lui pour lui permettre d’accéder à son rêve. Après une formation accélérée avec moi, il est entré interne au Lycée du Sacré Coeur de Saint-Brieuc. La révélation a été immédiate. Il a suivi avec passion une formation théorique de premier ordre en matière d’harmonie, de composition et d’histoire de la musique. Ce lycée étant particulièrement bien équipé, il a pu accéder à la console de réglage du son dans l’auditorium.

Maintenant j’apprends que Enzo part au Québec fin juillet, admis au collège d’Alma pour suivre un cursus universitaire dans la pratique musicale. Enzo a choisi d’être technicien du son. Il est admis dans le berceau international des formations techniques.

Je revois avec beaucoup d’émotion l’adolescent réservé qu’il était il y a 3 ans. Je le réentends en audition à la médiathèque de Pleine-Fougères donner une version particulièrement brillante d’un extrait de « La leçon de piano » de Mickaël Nyman.

Je repense à ses parents qui ont eu la bonne intuition et qui ont cru en lui. Je ne cesse de le répéter : j’ai la chance d’avoir de bons élèves, mais il ne faut pas ignorer que derrière ces bons élèves, il y a de bons parents.